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Développement

Grossesses précoces: un frein au développement

Les efforts pour endiguer le phénomène se heurtent à de mentalités conservatrices.

Annick Sedson

Publié il y a

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Grossesses précoces: un frein au développement

151 pour 1000 filles âgées de 15 à 19 ans. Tel est le taux de natalité chez les adolescentes à Madagascar. Un rapport du FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population) de 2022 met en lumière ces chiffres. Ils indiquent l’intensité du phénomène des grossesses précoces et non désirées dans la Grande île. Des statistiques nationales précisent même que 32 % des filles tombent enceinte avant leur majorité.

Conséquences : hausse de mortalité maternelle, maladies sexuellement transmissibles, avortements clandestins et non sécurisés. Mais les grossesses précoces ne compromettent pas seulement la santé des adolescentes. Elles ont un fort impact sur le développement social et économique du pays. Devenir mère à l’adolescence empêche la plupart du temps de poursuivre sa scolarité et expose à un avenir professionnel incertain. « Le mariage et la maternité précoces réduisent la possibilité de faire des études et de travailler. Elles portent un préjudice durable à leur qualité de vie et à celle de leurs enfants », confirme la démographe malgache Lina Rakotoson, co-autrice de l’ouvrage Fécondité précoce à Madagascar : quel impact sur la santé maternelle et infantile ? Cette étude a été réalisée au sein de l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

Paramètres socio-culturels

Les risques sont donc nombreux, mais la situation persiste. Selon les résultats de l’Enquête démographique et de santé à Madagascar (EDSMD) de 2021, la vie procréative des adolescentes est plus élevée en zone rurale qu’en milieu urbain. L’écart est de 36% contre 16%.

Des facteurs socio-culturels et économiques en sont la cause. Dans nombreuses régions du pays, le mariage précoce fait encore partie des traditions. Face aux difficultés financières, il est fréquent que des familles donnent des jeunes filles en mariage. Or, cela devient vite un cercle vicieux. Car, plus tard, en ayant elles-mêmes une vie économiquement précaire, elles procéderont de la même manière.

Outre le mariage forcé, le viol est aussi une des causes. « La plupart des mineures qui accouchent ici ont été violées par un de leurs proches : Un beau-père, un oncle, un cousin», confie une sage-femme de Befelatanana, la maternité publique de la capitale Antananarivo. Malgré les initiatives et les actions entreprises pour endiguer le phénomène, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Les efforts se heurtent à la mentalité souvent conservatrice des habitants.

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