PORTRAIT
Agnès Anomo, parcours d’une soignante précaire
Avec 27 000 autres collègues, elle revendique la reconnaissance de son travail.
Agnès Anomo est commis de pharmacie. Un métier choisi par passion, et qu’elle exerce au sein de l’hôpital central de Yaoundé, l’un des plus importants du Cameroun. Depuis treize ans ans, elle y travaille comme personnel temporaire.
Son salaire mensuel atteint à peine soixante mille francs CFA (91 euros). Trop peu pour permettre à cette femme de 42 ans de nourrir décemment ses six enfants. « C’est vraiment difficile de pouvoir joindre les deux bouts », confie-t-elle, la voix brisée. Comme si cela ne suffisait pas, les menaces de licenciement et les frustrations sont son lot quotidien.
« À tout moment ou à la moindre occasion, on peut vous mettre à la porte sans se soucier du nombre d’années que vous avez déjà passé à travailler », détaille Agnès Josiane Anomo, pour évoquer l’absence de couverture sociale. Celle qui est à son poste de travail sept heures par jour dit n’avoir pas le choix. N’ayant pas de statut de contractuelle d’administration, elle ne peut pas travailler dans une autre formation sanitaire publique.
Avec les 27 000 autres personnels temporaires et occasionnels des hôpitaux publics camerounais, elle revendique une contractualisation par l’État. Une grève est en cours dans ce sens depuis le 22 mai 2023. Agnès Josiane Anomo n’a manqué aucune manifestation. Déterminée, comme ses collègues, à avoir gain de cause. D’autant que cette situation perdure depuis plusieurs années déjà. Pourtant, maintenir ces personnels dans la précarité a des conséquences sur la bonne qualité des soins administrés aux malades. Bien plus, c’est le tout le système de santé qui en prend un coup. Car comment prétendre à un système de santé performant sans personnels soignants compétents et motivés?