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Tunisie : le coronavirus met à nu les défaillances du système sanitaire

Le pays s’est révélé incapable d’élaborer une riposte suffisamment solide pour éviter le lourd bilan que l’on connaît aujourd’hui.

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Le pays s’est révélé incapable d’élaborer une riposte suffisamment solide pour éviter le lourd bilan que l’on connaît aujourd’hui.

Hôpitaux débordés, matériel médical manquant, personnels soignants épuisés, contaminations au coronavirus en cascade… L’épidémie de Covid-19 a mis à nu les défaillances du système sanitaire en Tunisie. Cette dernière s’est révélée incapable d’élaborer une riposte suffisamment solide pour éviter le lourd bilan que l’on connaît aujourd’hui.

Depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020, plus de sept cent dix mille cas dont vingt-cinq mille décès ont été enregistrés. Submergé par le variant Delta, ce pays de 12 millions d’habitants occupait jusqu’en août dernier encore la deuxième place continentale en termes de décès liés au Covid, derrière l’Afrique du Sud. 

Craintes d’une nouvelle vague

Entretemps, l’accélération de la vaccination a permis d’améliorer la situation. Mais la faiblesse continue des infrastructures médicales fait craindre une nouvelle vague. La Tunisie ne dispose que de trente et un hôpitaux régionaux, vingt-sept établissements publics de santé et neuf centres spécialisés couvrant l’ensemble des vingt-quatre gouvernorats du pays. Une capacité hospitalière insuffisante pour résister à une forte pression en cas d’une recrudescence des contaminations. En guise de solutions, des hôpitaux de campagne sont installés à travers le pays, notamment dans les régions de La Marsa et El Menzah à Tunis, Béja, Kairouan, Sfax et à Gafsa.  

La crise sanitaire a aussi accentué les inégalités dans l’accès aux soins entre les gouvernorats. Selon des données officielles, la région du Grand-Tunis dispose de treize CHU et centres spécialisés, quand il n’existe aucun établissement de ce type dans les quatre gouvernorats du nord-ouest, à savoir Beja, Siliana, Le Kef et Jendouba. La ville de Kairouan, dans le centre-est, a par exemple eu un tel afflux de patients lors des pics de contaminations de cet été que l’unique hôpital de la région s’est vite retrouvé débordé.

Sous-investissement

Là-bas comme ailleurs, la situation n’a guère changé. « Nous en sommes quasiment à pratiquer une médecine de guerre », témoigne Dorsaf, 34 ans, infirmière à l’hôpital régional de Bizerte, au nord de la Tunisie. Un « quotidien douloureux » pour les soignants qui se retrouvent sous-équipés et sans suffisamment de lits pour accueillir les malades.

Le contexte politique n’a pas non plus arrangé les choses. Puisque cinq ministres de la santé se sont succédé depuis le début de la pandémie. Et, comme l’explique l’un d’eux, Faouzi Mehdi, la défaillance des infrastructures hospitalières en Tunisie est aussi un héritage de plusieurs décennies marquées par un sous-investissement en matière de santé.

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