PORTRAIT

Moi, Aminata Sissoko, pédiatre tradipraticienne

Objectif de la soignante: redorer l’image de la médecine traditionnelle africaine.

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Marché de Banakabougoun (Bamako, Mali). l’ambiance est animée et colorée. Vendeurs et vendeuses rivalisent d’ingéniosité pour attirer les clients. Au milieu du tumulte, une dame, calme, la soixantaine, attire l’attention. Elle est assise sur un banc, vêtue d’un boubou en tissu wax, un foulard noué sur la tête. D’autres femmes, également assises, mais l’air préoccupé, l’entourent.

Son nom est Aminata Sissoko, une pédiatre tradipraticienne. De sa mère, elle a hérité le don de soigner les tout-petits grâce à la phytothérapie. Ce qui lui conféré une solide réputation. De nombreuses mamans n’hésitent pas à parcourir de longues distances, de l’intérieur du pays jusqu’à la capitale, afin de venir solliciter ses services.

« La connaissance des plantes ne suffit pas pour soigner. Il faut aussi maîtriser l’art des incantations », tient à souligner Aminata Sissoko, tout en massant un enfant malade avec du beurre de karité. La soignante dispose de toute une palette de remèdes de grand-mères pour guérir les maladies infantiles. Des savoirs qui tendent à disparaître. Pourtant, ils pourraient soulager les portefeuilles dans un contexte où l’accès aux soins de santé coûte très cher. Selon l’OMS, en 2021, plus de 1,7 million de personnes, dont des enfants en bas âge et des femmes enceintes avaient besoin d’assistance sanitaire d’urgence au Mali.

Renforcer la confiance en la pharmacopée africaine

Face à ce défi majeur, la pédiatre traditionnelle Aminata Sissoko est devenue une figure respectée pour les soins et l’attention qu’elle prodigue aux enfants, et pour les conseils qu’elle fournit aux parents, notamment aux mères. « Depuis mon premier accouchement, je viens consulter cette tradipraticienne, soit quand mes enfants sont malades soit pour qu’elle les aide à faire leurs premiers pas », témoigne Nafi Sidibé, une mère de famille installée à Bamako.

Aicha Koné, quant à elle, a parcouru une soixantaine de kilomètres, depuis Koulikoro (nord-est) jusqu’au marché de Banakabougoun, pour venir rencontrer la soignante. Son bébé de 7 mois souffre de diarrhées répétitives causées par la poussée de ses premières dents. « Cela fait cinq jours qu’elle suit mon enfant, et l’amélioration est visible. Pourtant, j’avais tout essayé, y compris les médicaments achetés en pharmacie, sans résultats. Je regrette de n’être pas venue plus tôt », raconte-t-elle.

Malgré l’affluence, Aminata Sissoko prend le temps d’écouter, de soigner, de rassurer. Pour elle, plus qu’un métier, guérir un enfant est un plaisir et un honneur. La tradithérapeute encourage les parents à faire davantage confiance à la pharmacopée africaine, riche de solutions pour soigner des maladies infantiles et autres. « Nous devons revenir à nos coutumes et traditions qui ont jadis prouvé leur efficacité. Ils ont une place importante dans notre société moderne. Mon engagement est une contribution dans ce sens », se félicite-t-elle.

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