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Comment utiliser le khôl bio contre les infections oculaires

Au Maroc, les femmes portent peu le rouge à lèvres, mais s’appliquent du khôl tous les jours.

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S’il y a un trait commun entre les populations du Maghreb au Sahel, ou de l’Orient et le Moyen-Orient, c’est bien celui de la poudre de khôl sur les yeux. Il s’agit d’un mélange d’origine minérale et végétale composé traditionnellement de sulfure de plomb. Il est utilisé pour des raisons esthétiques ou hygiéniques, ou encore comme antibactérien. Aujourd’hui, il en existe des versions bio, avec des éléments naturels comme des noyaux de dattes ou d’olive, des pétales de roses.

Les hommes comme les femmes l’appliquent en lisière des paupières pour rehausser la couleur des yeux. Cela confère au regard une légère aura mystique, en y ajoutant de la profondeur. Comme le henné, cela fait partie de la culture arabo-musulmane. En mettre est un geste moins anodin qu’il n’y paraît. Pour certains, il protégerait du «mauvais œil». C’est fondamental quand on mesure la place de cette partie du visage dans les rites et légendes, et donc dans les héritages. Pour exemple, on peut se rappeler la symbolique des peintures égyptiennes, avec ses dessins d’immenses yeux en amande poudrés. Ou encore les danses initiatiques indonésiennes au cours desquelles l’œil exorbité est un mouvement de précision. Cela s’apprend dès le plus jeune âge. Se poudrer l’iris est aussi une tradition au moment de l’Aïd, la fête de fin du jeûne du ramadan. Car le regard est un centre et le khôl sont outil fard.

L’on en trouve de toute sorte

Noir, bleu ou gris, made in India ou made in Morocco, l’on en trouve de toute sorte dans les rayons cosmétiques. Dans les campagnes marocaines, les passantes voilées portent rarement du rouge à lèvres, mais elles maquillent leurs yeux tous les jours. «Oui j’en applique tous les matins, pour faire joli, mais aussi comme soin au quotidien. Ça protège des UV», explique Toda, esthéticienne dans un magasin-distillerie de produits beauté dans la région de Ouarzazate. Dans cette région, il y a effectivement du soleil 360 jours par an. «Regarde je te montre. Tu trempes ton bâtonnet dans le flacon et tu saupoudres tes paupières, un peu, beaucoup, c’est comme tu veux.» L’esthéticienne précise que si cela pique un peu c’est normal, car c’est un produit brut. On peut asperger le visage avec un peu d’eau de rose pour soulager les picotements. Puis éponger le trop plein avec un chiffon propre. En complément du cheich et des lunettes, c’est une bonne protection contre le sable qui entre par tous les orifices quand le vent se lève dans les régions désertiques du Sahara.

Aussi en appliquer dès le berceau est très courant pour protéger des conjonctivites et irritations. Celles-ci sont fréquentes chez les bébés et les enfants car ils n’ont pas conscience et se frottent les yeux, souvent avec les mains sales. «Mais c’est important d’utiliser le khôl traditionnel gris» et non le noir pour que cela fonctionne, ajoute Toda. Au Maroc il est extrait des roches des montagnes Atlas et M’Goun et se vend partout. Dans les parfumeries comme en pharmacie, et même sur les étales des épiciers. Il fait partie d’un tout de soins ancestraux qu’on appelle «pharmacopée».

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