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Guerre au Soudan: les femmes se suicident pour échapper aux viols commis par les milices

Le viol comme arme de guerre est caractéristique du conflit dans ce pays.

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Les femmes et les enfants sont les premières victimes de la guerre civile qui a éclaté au Soudan en avril 2023. Les belligérants y utilisent les violences sexuelles comme arme. Fin octobre 2024, des messages alarmés sur les réseaux sociaux dénoncent les massacres dans l’État d’El Gezira sous les hashtags #KeepEyesOnJezira #KeepEyesOnSudan. Une journaliste soudanaise sur X reprend un témoignage écoeuré publié sur TikTok. Celui-ci évoque le massacre de 600 personnes dans le village d’Es Sirehah, le 25 octobre, au cours duquel 134 femmes se seraient suicidées pour échapper aux viols des Rapid Support Forces (RSF), les milices en conflit avec l’armée régulière soudanaise.

Une triste et terrible réalité

Si ces chiffres sont invérifiables, en raison de l’absence de témoins et d’images sur place, le phénomène est en revanche avéré. Des villages de fermiers et de pêcheurs sont bien décimés dans la région centre et au Darfour. Le conflit ayant officiellement fait des milliers de morts et des millions de déplacés, dans les pays limitrophes comme le Tchad. Les organisations internationales parlent de la plus grande crise humanitaire au monde.

Les corps des femmes comme arme de guerre est caractéristique du conflit au Soudan, selon Hala Al-Karib. Elle est la directrice régionale du réseau SIHA, Strategic Initiative for Women in the Horn of Africa. Cette ONG fédère des organisations défendant les droits des femmes. Issu de la société civile, le réseau est présent au Soudan, Sud Soudan, en Somalie, en Ethiopie, à Djibouti ou encore en Ouganda. Hala Al-Karib témoigne sur la chaîne de télévision nigériane News Central TV. «C’est la réalité. Les femmes de la région centre au Soudan préfèrent se suicider plutôt que de subir les violences sexuelles des gangs et être torturées par les milices.»

Viols, esclavages sexuels, mariages forcés

Hanaa Bahshir, chercheuse en violences basées sur le genre rejoint ces propos. Au journal soudanais Altaghyeer, elle affirme que cela ne vient pas de nulle part. Selon elle, c’est l’ancien président Omar al-Bashir — qui soutient aujourd’hui RSF —  qui a légalisé ce genre de violences. Il avait notamment promulgué un Public Order Act légalisant les sévices envers les femmes quand il était au pouvoir. Cela perdure. Viols, esclavages sexuels, mariages forcés… En octobre 2024, le journal rapporte une trentaine d’enfants nés de viols commis pendant cette guerre. Mais ce chiffre est largement sous-estimé, selon les activistes. Il pourrait être cinq fois supérieur.

Aux dernières nouvelles, un groupe de femmes issues de la région alertait sur un risque de génocide par les forces armées de RSF. Elles ont publié leur appel dans le Sudan Tribune daté du 28 octobre.

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