PORTRAIT

Comment la rappeuse ivoirienne Nash a surmonté la dépression

L’artiste a fait de sa maladie un engagement humanitaire.

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Nash est une icône du hip-hop ivoirien. Dans son pays, comme à l’étranger, elle est connue sous l’alias La Go cracra du djassa. Traduisez: la meuf dure de la rue. Depuis ses débuts, au milieu des années 1990, la rappeuse a évolué dans un univers essentiellement masculin. De même qu’elle s’est toujours appliquée à afficher un caractère bien trempé.

Pourtant, il y a quelques années, la Go du djassa connaît une forte dépression qui émeut toute la Côte d’Ivoire. Un épisode douloureux que la chanteuse a pu surmonter, et sur lequel elle revient avec courage. Tout commence en 2012, avec le fiasco du festival de hip-hop qu’elle créé à Abidjan. Lâchée par les partenaires, Nash se retrouve toute seule. Celle qui a connu le succès grâce à sa version en nouchi (argot ivoirien) du tube Premier Gaou du groupe Magic System est face à une dette colossale, et aux railleries sur les réseaux sociaux.

Un long tunnel

C’est la descente aux enfers, une traversée du désert qui dure plusieurs années, et qui a failli virer au drame. «Dans la tourmente, j’ai pensé à plusieurs reprises à me suicider. Une fois, j’ai même tenté sans y arriver», se souvient la rappeuse. À ce moment seulement, Nash prend conscience de la dépression qu’elle traverse. Mais l’artiste est démunie: les questions de santé mentale sont encore taboues, et les structures de prise en charge existent à peine dans le pays.

Nash se réfugie alors dans la religion. «Lorsque j’ai commencé à prier, j’ai ressenti un soulagement. Comme si je me déchargeais d’un poids», assure-t-elle. Avant d’ajouter que deux éléments furent capitaux dans son processus de guérison: l’amour et le soutien de ses proches, et la libération de la parole. Si bien qu’aujourd’hui, elle peut s’exprimer librement sur une question aussi sensible et personnelle.

La guérison

«Derrière le sourire et l’apparence de bien-être qu’ils peuvent montrer, les artistes cachent très souvent un mal-être profond. Ce sont des personnes vulnérables. Nous le sommes tous d’ailleurs», souligne l’ambassadrice de l’Unicef, depuis 2019, pour l’enfance en difficulté.

La rappeuse aux collaborations prestigieuses (Alpha Blondy, Mokobé, Papa Wemba, Nathalie Makoma), et autrice de trois albums, allie cet engagement humanitaire avec l’estime de soi retrouvée. C’est sa contribution à la prévention des maladies mentales. Elle se dit persuadée que «les artistes expriment leurs souffrances  dans leurs œuvres, y prêter attention est une manière de les aider.»

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