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Humanitaire

En Somalie, «je loue mon bébé contre de la nourriture»

En Somalie, la famine force des mères à louer leurs bébés à des mendiants en échange d’une part de la recette.

Patient RWAMIGABO

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« Je loue mon bébé contre de la nourriture »

Cinq saisons successives de sécheresse ont provoqué une famine sans précédent en Somalie. Près de cinq millions de personnes sont victimes de la faim, et 1,8 million d’enfants de moins de cinq ans ont souffert de malnutrition aiguë en 2023. Pour tenter de subvenir à leurs besoins alimentaires, beaucoup ont recours à des méthodes pour le moins désespérées, raconte Thehumanitarian.org.

Le site fait une incursion dans le camp de déplacés de Tabeellaha Sheikh-Ibrahim, près de la capitale Mogadiscio. « Certaines mères, rendent délibérément leurs enfants malades afin de les emmener dans des centres de santé gérés par le gouvernement dans la ville, où il est possible d’obtenir de la nourriture thérapeutique gratuite », raconte le média humanitaire.

Des astuces extrêmes

Comment font-elles ? Par exemple, il arrive qu’elles forcent leurs enfants à boire de l’eau mélangée à du détergent ou du sel. « Cela les affaiblit et leur donne des diarrhées aqueuses. C’est le seul moyen pour moi d’obtenir de la nourriture », confie l’une d’elles. L’astuce, emmener ensuite les enfants malades à l’hôpital, dans l’espoir d’obtenir des biscuits et du porridge, dont elle vend une partie et garde le reste pour nourrir sa famille.

TheHumanitarian.org dévoile aussi une autre mesure de survie extrême. Elle consiste à louer des bébés et des enfants en bas âge à des mendiants en échange d’une part de la recette.  Le témoignage de l’une de ces femmes est accablant : « J’ai conclu un accord de partage des bénéfices avec la mère de l’enfant, qui reçoit une partie de l’argent que je récolte en mendiant. Lorsque je mendie avec ce bébé sur le dos, les gens ont plus pitié de moi que lorsque je mendie seule. » Par cette méthode, les mendiantes peuvent se retrouver avec 12 dollars par jour, dont 5 dollars qu’elle reversent aux loueuses d’enfant, explique le média.

Une famine pire qu’en 2011

Cette catastrophe humanitaire vient confirmer les déclarations de l’Unicef sur la mortalité due à l’insécurité alimentaire très aiguë en Somalie. Si rien n’est fait, l’Organisation onusienne dédiée à l’enfance estime que « 135 personnes, dont de nombreux enfants, pourraient mourir chaque jour » et, la situation pourrait devenir bien pire que lors de la famine de 2011, qui avait fait 260 000 morts.

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