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Société

Comment les boissons énergisantes affectent la sexualité

Certains jeunes en consomment pourtant une dizaine par jour.

Mariam Sanogo

Publié il y a

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Elles sont partout, de toutes les couleurs, et apparaissent sous des designs les uns aussi attractifs que les autres. Dans les rues de Bamako, difficile de ne pas remarquer les affiches publicitaires vantant les supposés bienfaits des boissons énergisantes. Environ dix marques sont disponibles sur le marché malien, dont une seule est fabriquée localement. Un véritable boom, à l’image de celui observé en Europe au milieu des années 1990, lorsque ces boissons énergisantes ont commencé à inonder les rayons de supermarchés. 

«Resister à la fatigue»

Elles séduisent les jeunes qui pensent pouvoir y trouver force et vitalité. Pourtant, leur prix n’est pas donné. Pour une cannette de ce breuvage, il faut débourser entre 500 francs et 1000 francs CFA (1,50 euro). Presque une fortune dans un pays où plus de 40% des habitants sont touchés par une grande pauvreté, et où le chômage des jeunes entre 15 et 24 ans oscille autour de 16%.

Youssouf Coulibaly vit à Sikasso. C’est la deuxième plus grande ville du pays, à 375 km de Bamako, près de la frontière avec le Burkina Faso. Le jeune homme est un grand amateur des boissons énergisantes qu’il a commencé à consommer, il y a quatre ans. «Avec mes nombreuses activités, il me faut en consommer régulièrement pour pouvoir tenir toute la journée. Même lorsque je rentre à la maison après le travail, j’en consomme pour me détendre», affirme cet assistant logisticien.

Dans le milieu estudiantin, nombreux sont ceux qui s’appuient sur ces boissons dans le but de résister à la fatigue. C’est le cas de Seydou Tangara, étudiant en droit public à l’université de Bamako. Il en boit de grandes quantités depuis deux ans. «À côté de mes études, je fais de petits boulots pour subvenir à mes besoins. Si je veux rester concentré pour réviser mes cours, je n’ai pas d’autre choix: il me faut une boisson énergisante», confie-t-il. Seydou Tangara affirme consommer une dizaine de canettes par jour. Surprenant ! Surtout quand on connaît les sommes que cela représente: 5.000 francs (env. 8 euros). Mais, surtout, eu égard aux risques pour la santé.

Risques de troubles sexuels

En effet, ces boissons contiennent de fortes doses de sucre, de caféine et de taurine, qui sont des stimulants de systèmes nerveux. À titre d’exemple, le contenu d’une canette équivaut à trois tasses de café. Certes, la caféine est connue pour lutter contre la fatigue, développer la mémoire et améliorer la concentration. Mais consommée en grande quantité, «la caféine peut entraîner des troubles de comportement et augmenter la tension artérielle, explique Guindo Aly, endocrinologue au centre de santé communautaire de Lafiabougou, dans la banlieue de Bamako. Leur consommation à terme peut causer des arrêts cardiaques, l’obésité, l’hypertension ou le diabète. Elle peut aussi provoquer des troubles sexuels chez la femme comme chez l’homme». 

Est-ce cela qui a fini par dissuader Issa Sidibé? Le jeune Bamakois affirme avoir arrêté après une consommation intensive. «Après des malaises à répétition, un médecin m’a fait comprendre que ces boissons contiennent des composants qui perturbent la circulation sanguine et provoquent l’accélération du rythme cardiaque», témoigne-t-il. En guise de solution, pour limiter le phénomène au Mali, l’endocrinologue Guindo Aly, plaide pour une plus grande sensibilisation de la jeunesse et une réglementation plus stricte de la vente de ces produits. 

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