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Serge Armel Njidjou, inventeur de la première couveuse Made in Cameroon

En attendant l’homologation, le projet va s’étendre sur le continent.

Olive Atangana

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Serge Armel Njidjou, inventeur de la première couveuse Made in Cameroon

Serge Armel Njidjou est une figure discrète de la lutte contre la mortalité infantile au Cameroun. Les couveuses néonatales qu’il a conçoit et met à la disposition des hôpitaux publics et privés de son pays, ont la particularité de résister aux coupures intempestives de courant ou à l’absence d’électricité. «Résiliente à notre instabilité énergétique, elle est connectée au portable du médecin qui peut voir tous les paramètres et les alertes», précise cet ingénieur informaticien.

Cette couveuse Made in Cameroon est hybride, puisqu’elle peut fonctionner avec une alimentation classique (220V) ou en solaire (12V). Elle répond à toutes les exigences internationales en matière de thermorégulation médicale et d’étanchéité acoustique.

«La fabrication étant locale, la maintenance, la prise en main par les usagers est facilitée en tout temps», dit l’inventeur, dont la couveuse est homologuée dans la mercuriale de l’Etat à 2,8 millions de francs CFA. Toutefois, si elle fonctionne en solaire, il faut prévoir, en plus de la couveuse, le kit solaire pour environ 1 million de francs CFA supplémentaire.

Aux origines du projet

Au départ, Serge Armel Njidjou n’était pas séduit par l’idée de fabriquer une couveuse néonatale. Le déclic s’est fait autour d’un drame. Celui d’une femme ayant perdu ses quintuplés dans un hôpital, en 2016. Le chercheur et d’autres collègues de l’Agence universitaire pour l’innovation (AUI), un réseau de d’innovations scientifiques, technologiques et entrepreneuriales, ont donc décidé d’agir.

Ils ont davantage été encouragés sur cette voie après avoir réalisé que les statistiques sur la mortalité infantile donnaient froid au dos. « Sur les 22 000 bébés qui meurent chaque année au Cameroun, vous avez autour de 35 % de prématurés. Or, la prise en charge d’un bébé prématuré commence par son réchauffement en couveuse, indisponible dans la plupart des maternités », détaille l’ingénieur informaticien.

Ainsi naît la première couveuse néonatale adaptée aux besoins spécifiques du Cameroun en 2018.  Depuis lors, une soixantaine de couveuses a déjà été vendu dans toutes les régions du pays, contribuant ainsi à la lutte contre la mortalité des prématurés. « Nous aurons certainement dépassé une centaine de couveuses d’ici la fin d’année 2023 », assure Serge Armel Njidjou.

Les défis de l’homologation

Mais tout n’est pas que rose pour le chercheur. À cause du Covid-19, il n’a pas pu réaliser son ambition, fixée en 2019, de doter le pays de cinq cents couveuses dans un délai de 4 ans.  Et le projet qui se veut panafricain fait face à de nombreux défis dans la mise en place d’une chaîne logistique au niveau continental.

«Par ailleurs, beaucoup d’Africains ont du mal à faire confiance à une technologie locale sur un équipement médical sensible comme la couveuse », regrette-t-il. Néanmoins, il a entamé des démarches pour une homologation niveau de l’OMS et au Mali, Benin, Côte d’Ivoire, Guinée, Burkina Faso, Sénégal, Rwanda et en RDC.

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