Dr Georges Bwelle, une vie dédiée à soulager les souffrances

« J’ai deux nouvelles à t’annoncer: une bonne et une mauvaise. Je commence par laquelle ? » Question du Dr Georges Bwelle à son patient, après une consultation de moins de deux minutes. Assez suffisantes pour établir un diagnostic. Tant le cas du malade est alarmant. Il devra être opéré. Mais celui-ci accueille le diagnosticplutôt avec léger sourire de soulagement. C’est que, comme toutes celles et ceux qui attendent d’être ausculté.e.s, le malade fait entière confiance à ce chirurgien qui consacre son temps à soulager les souffrances des plus déshérités au Cameroun.

Avec son association Ascovime créée en 2008, le Dr Georges Bwelle parcourt les villages pour consulter, pratiquer des interventions chirurgicales et distribuer des médicaments. «Chaque week-end, entre février et décembre, nous allons dans un village où nous mettons sur pied un hôpital mobile qui est l’équivalent d’un hôpital de district, mais qui dure un seul jour et nous recevons les patients », détaille l’homme de 51 ans. Environ une quarantaine de missions sont effectuées par an, pour plus de trente-cinq mille personnes soignées dont environ 1 400 opérées.

Consultations gratuites

C’est en 1997 qu’il lance sa première campagne de soins de santé gratuits. Depuis, il suit le même chemin et lors de chacune d’elle, les malades ont la possibilité de consulter un gynécologue, un pédiatre, un chirurgien, un dentiste, un ophtalmologue, etc. Et d’être soignées. La formation et l’éducation constituent aussi un volet important de l’action sociale du médecin. C’est pourquoi son association distribue matériels et manuels scolaires aux enfants et aux enseignants des villages. Chaque année, environ 20 000 enfants de zone rurale en bénéficient.

Pour mener à bien ces missions, celui qui dirige aussi le service de chirurgie viscérale à l’hôpital central de Yaoundé (capitale), s’est entouré d’une équipe de volontaires aux profils divers et aux multiples casquettes. Son engagement nécessite des fonds importants. Entre 7 et 8 millions de francs pour chaque campagne. Où cet enseignant à la faculté de médecine du Cameroun trouve-t-il l’argent ? Au début de l’aventure, le Dr Georges Bwelle finançait ses activités seul. Il se servait ainsi des revenus de ses consultations dans des cliniques privées. Sans fournir plus de détails, il admet seulement qu’il faut plus d’argent désormais. « Comme je ne peux plus couvrir toutes ces charges tout seul, nous recevons des dons. Mais ce n’est pas suffisant », regrette-t-il.

Actions sociales et éducatives

Aux budgets serrés, s’ajoutent d’autres difficultés pour l’association caritative Ascovime. Parmi elles, l’accès dans les villages: les routes sont impraticables, la disponibilité des médicaments pas toujours assurée. « Ce sont beaucoup de défis pour pouvoir trouver les moyens d’acheter tous les médicaments, les cahiers… Nous croulons sous le poids des dettes », confie-t-il. Heureusement, ses fournisseurs sont compréhensifs. « Ils comprennent la portée sociale de notre action et nous soutiennent », se félicite le médecin.

D’où vient l’engagement du Dr Georges Bwelle qui s’est assigné comme mission de redonner le sourire aux plus pauvres ?  « La prédiction qui a été faite sur moi c’est que je serai médecin. Je suis né pour ça. Le plus important c’est de soulager les souffrances des personnes », répond-il. Issu d’une famille modeste de Douala, il voit la santé de son père se dégrader à la suite d’un accident de la route, faute d’accès à un médecin spécialiste. De là naît sa vocation.

Son parcours et son engagement pour un monde solidaire et plus respectueux de la dignité humaine lui ont déjà valu plusieurs distinctions internationales. Une reconnaissance qui ne peut que pousser à continuer. « Chaque fois que je suis tenté par le découragement, parce que la voiture est crevée ou parce que la route est difficile, je me rappelle qu’il y a tant de gens qui ont besoin d’aide ».