Parler du clitoris n’est plus tabou

«Pourquoi faut-il tourner sept fois la langue avant de prononcer les mots vagin ou clitoris ? Ce n’est une question ni de sacré ni de pudeur. À entendre ces mots, beaucoup s’imaginent déjà en train de vous lécher la chatte. Voilà ce qui les dérange. On en vient donc à invisibiliser le corps de la femme pour éviter d’exciter le tout puissant homme. Lequel n’est pas foutu de maîtriser sa quéquette.» Ceci est la toute dernière mise au point d’Émilie Tapé, une blogueuse sexualité d’origine ivoirienne. Dans un long texte publié sur son site Minoulibre.com, la jeune femme de 32 ans raconte une expérience de censure vécue sur une chaîne de télévision en Côte d’Ivoire.

Que s’est-il passé ? En regardant son passage dans une émission, elle est surprise de constater qu’un bip remplaçait le mot clitoris chaque fois qu’elle le prononçait. D’habitude, ce procédé est utilisé pour couvrir des expressions vulgaires, grossières, violentes ou injurieuses. Nommer une partie génitale est-il aussi une insulte ?, s’interroge Émilie Tapé. Elle affirme avoir ressenti chacun de ces sonores comme une tape sur sa bouche.

Libérer la parole

« Quel message envoie-t-on à l’adolescente qui découvre les changements de son corps, sa sexualité? », s’alarme l’écrivaine et militante féministe. Elle dit lutter pour le changement dans la société. Son prisme: libérer la parole autour de la sexualité féminine, confirme africa.la-croix.com. Dans son blog comme sur les réseaux sociaux, elle ne se prive pas de parler cru et dru. Résultat, une petite évolution semble s’opérer avec une multiplication de contenus sur le sujet.

Ainsi, Allodocteurs.africa nous fait-il découvrir le kunyaza, une pratique sexuelle ancestrale dans la région des Grands lacs. « Il s’agit d’une stimulation externe du clitoris, à l’aide du pénis. On peut procéder par frottements, tapotements, mouvements circulaires… », détaille le site. Les techniques sont variées mais la finalité c’est toujours la jouissance de la femme. Un plaisir clitoridien assumé et revendiqué par aufeminin.com. La blogueuse Émilie Tapé peut se rassurer : son combat commence à porter ses fruits, même s’il demeure de fortes pesanteurs sociales et culturelles.