La culture du tabac menace la sécurité alimentaire

« Cultivons des aliments, pas du tabac. » Tel est le thème sous lequel Journée mondiale sans tabac a été commémorée le 31 mai. Ce slogan fait écho aux problématiques de nombreux pays, où la crise alimentaire est accentuée par la culture intensive du tabac.  « Plus de 350 millions de personnes souffrent de la faim et de l’insécurité alimentaire, et bon nombre des pays où ces problèmes se posent sont également des économies à forte croissance de tabac. En Afrique, par exemple, au cours des 15 dernières années, la culture du tabac a augmenté de près de 20 % », selon Vinayak Mohan Prasad, responsable du programme de lutte contre le tabagisme à l’OMS.

Le site Africanews.com rappelle la situation en Zimbabwe. Là-bas, en une seule année, la surface consacrée à la culture de tabac est passée de 110 000 à 117 000 hectares. Pourtant Vinayak Mohan Prasad affirme que ce succès vient surtout du fait que l’État lui-même subventionne cette culture alors qu’elle n’assure pas des profits durables pour les agriculteurs.

Face à l’insécurité alimentaire frappant près de 60% de la population africaine, il serait peut-être temps d’exploiter ces terres pour des cultures plus nourricières. L’OMS confirme que « la culture du tabac détruit les écosystèmes, épuise la fertilité des sols, contamine les masses d’eau et pollue l’environnement », donc n’assure en rien un avantage durable pour les africains.

Afin d’endiguer le phénomène, l’organisation tente d’encourager à développer d’autres stratégies agricoles. « Passer du tabac à des cultures vivrières nutritives peut permettre de nourrir des millions de familles et d’améliorer les moyens de subsistance des communautés agricoles du monde entier »,  insiste l’agence sanitaire mondiale. Dans d’autres pays comme le Burkina Faso, les efforts sont déployés avec des lois plus coercitives.  Depuis 2010, par exemple, la culture industrielle du tabac y est interdite, fait savoir Lefaso.net.