Santé publique
Quand des aides-soignants mettent les patients en danger
Devra-t-on demander aux personnels paramédicaux de quelle école ils sortent avant d’accepter d’être soigné ? Telle est la question que se posent les patients malgaches chaque fois qu’ils se rendent à l’hôpital. Cette méfiance est la conséquence d’une longue suite de manquements et de scandales. Les griefs ? Un cathéter mal posé, un faux résultat de la tension artérielle ou encore une confusion dans les vaccins à administrer aux nouveau-nés. Sans parler d’un comportement discourtois à l’égard des malades. « Je me suis retrouvée avec le bras enflé pendant des semaines. L’infirmière n’arrivait pas à trouver la veine. Cela m’avait empêché de m’occuper de mon bébé après l’accouchement », témoigne une jeune mère vivant dans la capitale Antanarivo. Certes, l’incident aurait pu être pire, mais il n’en est pas pour autant acceptable.
Incompétence avérée
Qu’est-ce qui explique ces cas avérés d’incompétence chez de nombreux soignants à Madagascar ? « Il y a beaucoup trop d’instituts de formation de paramédicaux dans le pays » déclare Veloarisoa Rabeson, cadre supérieure à la retraite. Sur 138 établissements privés, 109 sont des instituts de formation spécialisés dans le paramédical. Certains justifient ce nombre pléthorique par l’incapacité des établissements publics à accueillir davantage d’élèves. Des particuliers, souvent des hommes d’affaires sans lien avec le médical, ont alors ouvert leurs propres instituts.
Les diplômés de ces écoles ont un parchemin reconnu par l’État. Mais sont-ils pour autant qualifiés ? Des témoignages évoquent des parcours de formation ne respectant pas les normes nationales et internationales. « Les élèves sont placés en stage dans des centres médicaux et hospitaliers sans avoir acquis des connaissances théoriques suffisantes », dénonce Mme Veloarisoa Rabeson. Pendant ce temps, les plaintes de patients se multiplient, surtout sur les réseaux sociaux.
Des solutions contestées
Pour endiguer le problème, des solutions sont à l’étude depuis 2016, comme la fermeture d’écoles, la mise en place d’un programme unique de formation à travers la Grande Île. « Pour être diplômés, les étudiants des filières paramédicales doivent être évalués par un seul examen national », ajoute le Dr Éric Andrianasolo, porte-parole des Ordres de santé. Autant de mesures que ne voient pas d’un bon œil les promoteurs de ces établissements, qui estiment qu’un examen officiel unique ne serait qu’une tentative d’écarter les centres de formation privés. Ils sont, bien sûr, dans une autre logique : le business avant tout.
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