Addictions
Les vapeurs de colle, une drogue qui ravage les enfants de la rue à Goma
Ils tentent ainsi d’oublier les souffrances du quotidien. Lisez notre reportage.
Le phénomène des enfants de la rue ne cesse de prendre de l’ampleur en République démocratique du Congo. Ils sont estimés à plus de 20 000 dans la capitale, Kinshasa. Mais l’on en retrouve aussi beaucoup dans l’est du pays, une région confrontée à une grande insécurité.
Sans abri, ni nourriture ni éducation, les mayibobo ou chegue, comme on les appelle, sont obligés de mendier ou voler pour assurer leur survie. Abandonnés de tous, ils sont souvent victimes de violences physiques et d’abus sexuels.
À Goma, l’on en rencontre à chaque coin de rue, couchés sur des bouts de carton qui leur sert de matelas. La nuit, pour tenter de combattre la faim et le froid, ces sans-abris aspirent des vapeurs de colle forte. Un produit d’habitude utilisé par les cordonniers pour réparer des chaussures.
«Sniffer pour oublier»
Utilisée comme drogue, cette colle les met dans un état d’inconscience qui peut durer jusqu’à trois heures. Il arrive même à certains d’en prendre en pleine journée, raconte Gaël. Le garçon est âgé de 16 ans. «Quand j’aspire cette colle, je me sens détendu, je ne ressens aucune douleur, et ça m’évite de trop penser à mes soucis», témoigne celui qui vit à la rue depuis six ans.
Les parcours de ces mayibobo ou chegue sont très différents. D’aucuns se sont retrouvés orphelins et sans personne pour les prendre en charge, d’autres ont dû fuir le conflit armé dans l’est de la RDC, qui occasionne des déplacements massifs de populations. D’autres encore ont été jetés à la rue par leurs propres parents pour diverses raisons, dont aucune n’est justifiable. C’est le cas d’Emmanuel.
«Mon père rentrait ivre tous les soirs et battait ma mère qui en est malheureusement morte. Il s’est remarié avec une femme qui me maltraitait. Fatigué, j’ai été poussé à la porte sans savoir où aller», se souvient amèrement le garçon de 12 ans. Avant d’ajouter: «Je fume pour oublier toutes ces souffrances et tous les dangers auxquels nous sommes confrontés dans la rue.»
Certes, de nombreuses associations et la société civile se battent pour trouver des familles d’accueil à ces enfants. Mais le problème est loin d’être maîtrisé. Et, entendant, ils continuent de sniffer de la colle, avec tous les ravages que cela induit.
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