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Addictions

Au Cameroun, les fumeurs de chicha font de la résistance

Pourtant interdite, elle continue d’être consommée dans les bars.

Olive Atangana

Publié il y a

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Au Cameroun, les fumeurs de chicha font de la résistance

En février 2022, l’importation, la vente, la promotion et la consommation de la chicha au Cameroun avaient été interdites, pour des raisons de santé publique. Le pays rejoignait ainsi plusieurs autres comme le Kenya, la Gambie, la Tanzanie, le Rwanda, le Ghana et le Sénégal. 

Pourtant, après un tour dans les snack-bars de Yaoundé, la capitale, l’on observe que cette pipe à eau servant à fumer du tabac continue d’être vendue et consommée. Que ce soit à au lieu-dit Tsinga ou Nouvelle-route-Bastos, Briqueterie, il y a des coins chicha dans des lieux de consommation d’alcool. Confirmant ainsi que son usage est toujours en pleine expansion. D’après le ministère de la santé publique, 46% des jeunes de 15 à 20 ans l’ont déjà expérimentée.

Une forte nocivité

Or, la chicha est nocive et toxique, puisque composée de 28% de tabac et 70% de mélasse (sirop contenant du sucre, des arômes tels que la fraise, la pomme ou la noix de coco), qui lui donne un goût acidulé. Le Comité national de lutte contre les drogues estime que pour une séance de chicha de 45 minutes, on consomme la nicotine équivalant à celle d’une cigarette et demi, le monoxyde de carbone de 20 cigarettes, le goudron de 26 cigarettes et un volume de fumée de 40 cigarettes. 

L’autre élément de dangerosité de la chicha est son mode d’administration. «C’est-à-dire par voie inhalée. Ça va directement dans le cerveau et ça demande seulement 7 à 10 secondes pour y arriver. Donc l’effet est immédiat. C’est différent de celui qui prend un comprimé comme le Tramadol qui prend 7 à 10 minutes avant d’agir, ou celui qui s’injecte», explique le Dr Marileine Kemme Kemme, médecin-addictologue à Yaoundé. 

Renforcer les contrôles

La question de l’application réelle de cette mesure au Cameroun reste donc un enjeu majeur. «Il faut qu’on puisse véritablement mette en application cette loi», plaide le Dr Kemme Kemme. Ce d’autant plus que la chicha, comme le tabac, expose à une myriade de pathologies comme les maladies cardiovasculaires ou de la peau, l’hypertension, le diabète, la fracture du myocarde, les AVC, les cancers de la gorge, des poumons, du foie, des reins. Elle peut aussi avoir un impact sur la sexualité, la baisse de la libido, un désintérêt pour l’activité sexuelle, et des troubles de l’érection. 

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