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Exode des soignants: fin des recrutements d’infirmiers africains au Québec

La décision suscite soulagement et déception de part et d’autre.

Agnès Ratsimiala

Publié il y a

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Exode des soignants: le Québec stoppe les recrutements d’infirmiers africains

Le Québec a suscité soulagement et déception en annonçant la fin des recrutements d’infirmiers africains au troisième trimestre 2024. Soulagement du côté des autorités sanitaires des pays concernés et déception du côté des candidats au départ. En effet, le gouvernement du Québec propose depuis quelques années un programme intitulé « Journées Québec Soins infirmiers ». Il offre aux jeunes diplômés étrangers une intégration et une rémunération attractive. En même temps, il permet à la province canadienne de faire face à sa pénurie d’infirmiers. De nombreux professionnels des pays africains francophones ont émigré via ce dispositif, en particulier des ressortissants de l’Algérie, du Maroc, du Sénégal, de Madagascar, de la Côte d’Ivoire et du Cameroun.

Protéger les systèmes de santé vulnérables

Seulement, le Canada ne fait pas partie de la liste des 55 pays ayant des difficultés à avoir du personnel de santé, dressée par l’OMS. Contrairement aux pays où ont été recrutés ces professionnels, qui eux font face à des déserts médicaux de plus en plus grands. Comme le note News du Camer, «l’Afrique se vide de jour en jour de son personnel de santé». Pour répondre aux besoins des populations, il faut au minimum 60 infirmiers pour 10 000 habitants. Par exemple, on en compte 1,9 pour 10 000 habitants au Cameroun. 9 pour 10 000 au Maroc. Et 100 pour 10 000 au Canada. Ainsi, pour des raisons «éthiques», le Québec a fermé son programme aux ressortissants des pays africains, sauf pour la Tunisie. Il suit ainsi la recommandation de l’OMS qui appelle les Occidentaux à protéger les systèmes de santé vulnérables.

Cette décision s’accorde également avec la demande du gouvernement du Maroc de retirer ses candidats afin de «protéger le marché du travail» marocain. Ce pays du Maghreb est confronté comme toute la région a un exode massif de ses «cerveaux» au Canada, mais aussi en France, en Allemagne, au Pays-Bas et en Espagne. À tel point que le Maroc avait lui-même lancé une campagne de recrutement d’infirmiers en provenance des Philippines.

L’exode va-t-il s’arrêter pour autant?

En effet beaucoup d’offres de poste d’infirmiers sont disponibles dans les grandes villes du Maroc. Le problème c’est qu’elles n’offrent pas des conditions satisfaisantes pour exercer, comme l’explique Mouhsine El Mabroud sur Radio Canada. Infirmier marocain émigré au Québec, il exhorte le gouvernement de son pays à comprendre les raisons de cette «fuite des cerveaux».

Pour ce faire, il suffit de comparer les salaires proposés. En restant au Maroc, un infirmier gagnera entre 3000 DH et 4000 DH en moyenne (300€-400€), soit un montant proche du salaire mensuel moyen dans le royaume (309€). Dans un système qui n’offre pas d’avantages sociaux ni de sécurité de l’emploi. Au Québec, le personnel médical gagnera… 10x plus et au-dessus du salaire moyen québécois. En outre, dans un système où tout est plus cher certes, mais qui offre de nombreux avantages à sa population.

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