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Les Applis santé s’installent timidement en Côte d’Ivoire

Encore faut-il que les habitudes, et les moyens financiers, suivent.

Harding M'BRA

Publié il y a

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Les Applis santé s’installent timidement en Côte d’Ivoire

En Côte-d’Ivoire, le domaine de la santé n’a pas échappé aux mutations engendrées par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Si bien que le concept de santé numérique est en plein essor. Ce terme renvoie à l’utilisation généralisée des technologies numériques pour les soins de santé.

Depuis quelques années, une dizaine de start-up ivoiriennes d’e-santé proposent diverses solutions au public sous la forme d’applications mobiles. Parmi celles-ci, Pass Mousso Santé, Waspito, Innovative Healthcare Solutions, Carein, KimboCare, SkanMed ou encore MaiSoin. Leur champ d’application va de la télémédecine à l’accès aux banques de sang, en passant par la téléconsultation médicale, la gestion électronique du carnet de santé et du parcours de soins.

L’objectif est de faciliter l’accès des populations aux soins, réduire les inégalités tout en révolutionnant les prestations. Une nécessité qui est apparue pendant l’épidémie de Covid-19, où les déplacements étaient limités. «La besoin urgent de changer les habitudes dans la gestion des soins de santé est vraiment apparue à ce moment», confirme  Corinne Ouattara, présidente de la plateforme Santé Numérique en Côte d’Ivoire, qui regroupe les entreprises spécialisées dans le développement des applis de santé.

Des avis partagés

Mais l’essor de ces outils est encore tributaire de l’adhésion du grand public. Pour l’heure, ils demeurent très confidentiels, peu intégrés aux usages des Ivoiriennes et des Ivoiriens. «Tout mon dossier médical tient sur mon poignet. C’est révolutionnaire!», s’enthousiasme M. Assane, l’un des rares à avoir adopté ces nouvelles technologies. En effet, dans le pays, de nombreux décès sont liés au manque d’information sur les patients. Ces solutions offrent donc un gain de temps.

Contrairement à M. Assane, d’autres comme cette Abidjanaise qui sollicité l’anonymat, disent avoir besoin d’encore un peu de temps. «J’ai encore le réflexe de me rendre à l’hôpital quand c’est nécessaire. Pareil pour nombre de personnes qui portent des montres connectées pour faire joli, mais pas pour utiliser ces applis»,soutient la jeune femme.

Du côté des soignants et des soignantes, les avis sont tout aussi partagés. Dr Alex Afferi, médecin accoucheur à Abidjan, se dit réticent à la téléconsultation. «La médecine, c’est l’être humain qu’on doit interroger en face-à-face, et c’est ausculter le corps souffrant. C’est plus naturel que les solutions numériques actuellement proposées», argumente le médecin.

De son côté, Dr Thibaut Pouho, médecin généraliste affilié à l’application Waspito, ne voit que des avantages à la télémédecine. «Cela résoud le problème des déserts médicaux», estime-t-il tout en reconnaissant le principe incontournable de la consultation directe. « La téléconsultation est une solution d’urgence et d’appoint. Elle n’a pas vocation à se substituer à la médecine conventionnelle», ajoute le soignant.

Une source d’espoir

Il n’empêche que le processus est en marche. Même les administrations sanitaires se mettent à jour. L’Institut national de santé publique dispose d’un département dédié pour piloter la politique nationale en la matière. En début d’année 2023, une expérimentation de numérisation a été menée au CHR d’Agboville «Les résultats ne sont pas encore satisfaisants, mais le projet est porteur d’espoir pour les usagers», estime Pierre Kouamé, infirmier à l’hôpital d’Agboville, située à 80 km au sud d’Abidjan.

Si le cadre légal et la logistique existent, encore faut-il que les habitudes, et les moyens financiers, évoluent pour que l’usage des solutions numériques de santé se démocratisent. «Il y a encore beaucoup à faire. La transition numérique doit être accélérée. Si le Mobile money a réussi à bouleverser les habitudes, les applis santé peuvent connaître le même succès», espère Corinne Ouattara de la plateforme ivoirienne Santé numérique.

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