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Cameroun

Quand la médecine traditionnelle gagne en légitimité

Au Cameroun, 80% de la population y ont recours.

Olive Atangana

Publié il y a

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Quand la médecine traditionnelle gagne en légitimité

Tradipraticiens de santé. Ainsi sont désignés les professionnels de la médecine et de la pharmacopée traditionnelle africaines. Ceux-ci jouent un rôle primordial dans la prise en charge de nombreuses pathologies dans leurs communautés. Après avoir longtemps été décriés, ils ne cessent de gagner en influence.

Le tradipraticien, détenteur du savoir naturel, est une personne dont les compétences en matière de diagnostic des maladies et d’administration des soins sont reconnues. Il utilise principalement des substances végétales, animales ou minérales, et d’autres méthodes reposant sur des fondements socioculturels ou religieux.

Nuances

Mais dans ce secteur, il existe plusieurs catégories.  La désignation de tradipraticien inclut naturothérapeutes ou naturopathes, tradispirituels, herboristes, tradithérapeutes, accoucheuses traditionnelles, psychothérapeutes traditionnels, pharmacothérapeutes, et même médico-droguistes. Chacun ayant sa spécificité.

Les naturopathes sont le produit de la médecine traditionnelle, dont l’art est d’aider à rester en bonne santé, à être acteur de sa santé, et à aider à prendre soin de soi par des moyens naturels. Ils se fondent sur le principe de la compréhension holistique de l’individu et utilise des méthodes naturelles comme la relaxation, la respiration, la phytothérapie, l’hydrologie. Les naturophates peuvent aussi traiter les problèmes de peau tels que l’acné, l’eczéma, les allergies cutanées, les infections fongiques et les déséquilibres du microbiome cutané.

Ils accompagnent chaque personne à trouver son équilibre et à remonter jusqu’aux causes de son mal-être. Les tradithérapeutes, quant à eux, sont aussi appelés guérisseurs. Ils exercent une pratique médicale reposant sur des approches présentées comme traditionnelles dans les communautés africaines. Tandis que les herboristes cultivent, récoltent, sèchent et conservent des plantes aromatiques et/ou médicinales, afin d’exploiter aussi bien leurs propriétés préventives que leurs vertus curatives.

Purifications naturelles

Les guérisseurs, eux, tiennent pour la plupart leurs pouvoirs de leurs ancêtres ou d’un membre de la famille. Ils soignent à l’aide de plantes, d’écorces d’arbres, le tout accompagné d’incantations. Ces dernières servent, selon eux, de courroie de transmission entre leurs ancêtres et eux, et sont ainsi une demande de bénédiction de leur part afin que les pratiques soient efficaces. Ils sont restés fortement attachés à la tradition ancestrale. Dans leur travail, ils leur faut non seulement «guérir la maladie», mais aussi en découvrir la cause (naturelle ou non), et mettre en œuvre des moyens de prévention.

Le tradi-spirituel est une personne ayant recours à la tradition et utilise le spirituel pour soigner les malades. «Il peut décider de dire à un malade que son problème n’est pas spirituel, après consultation. Va faire la paix avec ton prochain», explique Maffo Mireille Tuete, tradi-spirituelle. Mais de manière générale, tous ces praticiens de la médecine africaine traditionnelle affirment pouvoir soigner diverses maladies.

Ce sont entre autres les cancers, les troubles psychiatriques, l’hypertension artérielle, le choléra, les maladies vénériennes, l’épilepsie, l’asthme, l’eczéma, la fièvre, l’anxiété, la dépression, l’hyperplasie bénigne de la prostate, les infections, la goutte. Ils suscitent aussi la guérison des plaies et des brûlures. Le diagnostic est obtenu par des moyens spirituels, puis un traitement est prescrit, consistant généralement en un remède à base de plantes.

Légitimité sociale

Le secteur traditionnel est reconnu comme l’un des trois sous-secteurs du système de santé camerounais. Les pouvoirs publics ont décidé de promouvoir la pharmacopée camerounaise et développer la médecine traditionnelle. Parce qu’elle «offre des alternatives thérapeutiques certaines pour la prise en charge de certaines pathologies que la médecine moderne n’arrive pas à prendre en charge».

Au Cameroun, si le tradipraticien bénéficie de la légitimité sociale et culturelle de la communauté au sein de laquelle il déploie son savoir, son activité continue de susciter la réprobation des praticiens de la médecine conventionnelle. L’un des principaux griefs fait à la médecine traditionnelle est notamment le degré de toxicité, la non-maîtrise des dosages et la posologie. Pourtant, sa contribution à la couverture des soins primaires des populations et en particulier de celles rurales est importante. 80% de la population a recours à elle pour leurs besoins en soins de santé.

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