Nutrition
Quand des boulangers véreux font gonfler leur pain avec du bromate de potassium
Et c’est la psychose parmi les consommateurs et consommatrices.
En octobre 2023, la Fondation camerounaise des consommateurs (Focaco) avait déjà alerté sur la présence de bromate de potassium dans certaines variétés de pain. Or, le produit est interdit d’usage en raison de sa toxicité et de son caractère cancérigène. Selon une étude de 2016, le composé chimique peut causer diverses douleurs abdominales, diarrhées, nausées, abîmer les reins. Il est à l’origine de cancers et d’un endommagement du système nerveux. «Plusieurs pays à travers l’Afrique en ont déjà interdit l’utilisation comme levain pour faire gonfler le pain»,indique Allodocteurs.africa.
La recrudescence de l’usage clandestin du bromate de potassium s’explique par des raisons mercantilistes, ajoute Alphonse Ayissi Abena, président de la Focaco. Alors que 100 kg de farine de blé servent à fabriquer au maximum 720 baguettes de pain, il est possible d’en obtenir 1 000 en y ajoutant ce levain dangereux. Dans une enquête menée en 2020, le média news.acotonou.com révélait déjà la recrudescence du phénomène en Afrique de l’Ouest et Centrale. Pourtant cet additif est prohibé dans presque tous les pays depuis 2005.
Réfléchir à des substituts sains
L’on comprend donc aisément la psychose qui s’installe parmi les consommateurs et consommatrices, lesquels ne savent pas toujours quoi faire. Ceci, malgré les mises en garde de l’Agence des normes et de la qualité, pour ce qui est du Cameroun, et de l’Organisation pour l’alimentation et le développement local, en ce qui concerne le Togo. Dans ce dernier pays, des syndicats de boulangers avaient tenté de désamorcer la crise de méfiance en tentant d’expliquer que le bromate de potassium est «complètement détruit à la cuisson, sous une forte température».
«En quantité élevée, le bromate n’est pas complètement détruit et ses résidus peuvent se retrouver dans le pain produit. De plus, l’usage répétitif du produit sur le long terme a des effets délétères», répond Abdoulatif Diallo, toxicologue à l’Université de Lomé. Le chercheur suggère de promouvoir des solutions alternatives comme les produits dérivés à base de vitamine C. Ou encore de développer des produits à un coût abordable pour les boulangers, détaille-t-il sur Scidev.net. En attendant, la surveillance du respect des réglementations doit être appliquée pour contenir ce trafic pouvant occasionner des catastrophes.
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